Interview à M. Michel Maffoni - principal du collège international Joseph Vernier
M. Maffoni, pouvez-vous nous parler du Collège VERNIER et des sections internationales ?
M. Maffoni : Cinq ans après la création de la session internationale dans cette école, nous avons quatre langues, auxquelles est en train de s’ajouter le chinois. Nous désirons non seulement enseigner la langue, mais aussi la culture liée à la langue étudiée. Nous croyons en la possibilité de créer une « filière » dans laquelle l’étudiant peut apprendre et améliorer la langue étrangère, et ce, durant toutes ses années au sein de notre collège. Nous valorisons ces langues qui sont d’intérêt majeur pour offrir une formation de qualité, l’anglais restant la langue commune à tous les élèves.
L’introduction des sections internationales a permis de redynamiser le collège ; en effet sur les 600 places d’accueil disponibles, le tôt d’inscription avait chuté à moins de la moitié de sa capacité, il est remonté actuellement aux alentours de 550 élèves.
Il s’agit en effet de permettre une ouverture, avant tout vers et aussi au-delà du quartier, dans lequel l’établissement était un peu enclavé.
Dans cette optique de redynamisation, non seulement du collège mais aussi d’un quartier historique du centre-ville, de toutes nouvelles salles de sport financées par le Conseil Général et rattachées au collège Vernier ont été récemment inaugurées, derrière le nouveau complexe de la Gare du sud, à quelques pas de l’arrêt Libération du Tram T1. Ces locaux flambant neufs permettront de proposer des activités supplémentaires aux élèves de Vernier -notamment l’apprentissage du basket dans la salle polyvalente, et de l’escalade le long des 18 pistes installées dans la salle adjacente – ainsi qu’à l’ensemble des riverains par l’intermédiaire des associations culturelles et sportives de quartier qui en feront la demande.
Quel est l’intérêt pour la langue italienne ?
M. Maffoni : Il y a de nombreuses familles qui ont des origines italiennes ; notamment du Piémont ou de l’Emilia-Romagne, comme moi, avec des grands-parents immigrés en France, qui inscrivent ici au collège des élèves avec déjà une bonne connaissance de l’italien. Il y a aussi de nombreuses familles de Nice qui conservent des liens culturels étroits avec l’Italie et qui désirent les transmettre à leurs enfants. Je dois dire que les sessions d’italien me donnent une satisfaction aussi bien pour la participation des élèves que pour le soutien des parents.
Quelles autres activités proposez-vous aux élèves des cours d’italien de l’école ?
Monsieur Maffoni : Nous avons un échange important avec le lycée de Vintimille, un jumelage scolaire, mais aussi des moments de rencontre avec les collègues italiens ; en outre, depuis quelques années dans le processus d’apprentissage de la langue italienne, nous avons une expérience intéressante dans le domaine du théâtre, en particulier de la Commedia dell’Arte ; puis dans le cadre de la modélisation ANJ/ONU Nice (réseau de modélisation des Nations Unies en langue française) incluse pour toutes les sections internationales ; dans les espaces du CUM (Centre Universitaire Méditerranéen), nous proposons des conférences et représentations dans les diverses langues. Nous demandons aux participants de traduire et d’argumenter ce qu’ils ont vu dans la langue à propos de ce qu’ils étudient. Nous avons beaucoup de correspondances, en particulier pour l’italien et le portugais.
Quelles perspectives envisagez-vous pour la langue italienne dans l’école ?
En ce qui concerne, mon école je suis confiant, il y a de nombreuses demandes d’insertion d’élèves, il y a sûrement une croissance de l’intérêt pour l’italien. Comme je le disais, notre objectif est d’accompagner les élèves depuis le début, vers un bon apprentissage de la langue ; donc un objectif de qualité. Aussi au niveau des chiffres j’en suis très satisfait ; nous avons actuellement quarante élèves en première année pour l’italien. La tendance en faveur de la langue espagnole qui était une langue majoritaire il y a quelques années, s’est inversée, maintenant l’italien est en train de s’accroître au fur et à mesure des années de manière évidente. Selon mon expérience, (je viens de Créteil), pendant de nombreuses années auprès des sections internationales des écoles, l’espagnol prévalait ; nous assistons à présent à une inversion de la tendance en faveur de l’italien.
L’italien est quand même la quatrième langue étudiée dans le monde, et l’Italie signifie culture, mode, design, nourriture de qualité… Par exemple l’allemand est de moins en moins demandé et nous ne le proposons d’ailleurs plus dans notre établissement.
La promotion de l’italien est un projet prioritaire, il convient de faire connaître une telle opportunité sur ce territoire.
Le dispositif des sections internationales cœur de ville instauré à Nice en 2013, qui prévoit l’introduction d’une deuxième langue principale étrangère, en plus de l’anglais, à partir du CP, arrive à la Rentrée 2018, pour la première fois à clore le cycle, c’est-à-dire que c’est la première année que des élèves ayant intégré le dispositif au CP arrive en 6ème. A partir du collège les heures de cette deuxième langue principale vivante s’intensifient avec 4, voire 6 heures d’enseignement sur la semaine et par la suite également par l’enseignement de matière de base dans la langue choisie.
A l’entrée en 6ème, persistent malheureusement auprès de certains élèves des lacunes, qui ne feront que s’accroitre si une prise en charge renforcée ne leur est pas offerte ; il faut également ne pas pénaliser les élèves dont le parcours se déroule normalement, et dont la progression pourrait être ralentie si un trop grand écart d’apprentissage persistait au sein d’une même classe.
Il s’agit donc à présent de réaliser une réelle sélection auprès des élèves, pour proposer aux plus méritants (non seulement parmi les meilleurs mais également parmi les plus motivés), d’intégrer une section internationale, ce qui demande bien sur un degré d’engagement et du travail supplémentaire, pour poursuivre un parcours d’excellence ; et aux élèves en difficultés de recevoir un encadrement spécifique, afin de leur donner toutes les chances de revenir vers parcours scolaire normal.
Quelques mots sur votre parcours, M. MAFFONI ?
M. Maffoni : Je suis chef d’établissement depuis 15 ans. J’ai poursuivi ma carrière auprès de l’Education Nationale à Créteil, en région parisienne.
Mais je suis né dans le sud de la France, varois d’origine, mon grand-père était un immigré italien qui, avec la quasi-totalité de son village d’origine, Palagono, près de Modène, s’était transféré à Carqueiranne par manque de travail en 1927, à cause de la pauvreté. Ma mère venait du Piémont, avec la vague de piémontais qui se sont établis dans la région de Hyères, travaillant dans le domaine des palmeraies.
Je suis un véritable fils d’immigrés italiens. Très jeune, je me suis transféré à Paris pour ma carrière, j’ai travaillé dans des collèges ainsi qu’à l’université, et j’ai donc pu connaître pleinement toutes les thématiques scolaires. Actuellement, le chef d’établissement reste en charge minimum trois ans, maximum neuf ans. J’ai un contrat à objectifs, et une « lettre de mission » siglée par le Rectorat, le Directeur Académique, moi et mon directeur collaborateur. Quand on arrive dans un nouvel établissement, un « diagnostic » de la réalité de l’école est tout naturellement mis en place, au cours duquel on discute et on partage, pour ensuite fixer des objectifs. Dans mon cas, ce sont surtout des objectifs ciblant les sections internationales, les choix et la didactique des langues étrangères. Les besoins de l’école, des étudiants et du contexte environnant sont pris en compte, dans le respect d’un budget assigné, mon rôle est d’orienter les choix pédagogiques de l’établissement.
Le dispositif qui a introduit depuis 2013, 5 sections internationales cœur de ville (italien, portugais, arabe littéral, russe et chinois), à partir du CP dans 4 écoles primaires (Thérèse Romeo 1 et 2, Ronchèse et Auber) et de la 6ème à la 3ème au collège International Vernier, trouve son débouché à partir du lycée, au Centre International de Valbonne, pour la poursuite jusqu’en terminale, d’une formation renforcée en langue et orientée vers l’externalisation ;
Reconnu partout dans le monde, le CIV attire depuis de nombreuses années également des jeunes provenant de pays aussi lointains que l’Australie, le Mexique, la Chine sans oublier les départements Français d’Outre-mer, qui y intègrent le Collège, le Lycée ou encore les très renommées classes préparatoires aux grandes écoles.