Entrevue avec M. Hervé Beauvais, proviseur de la cité mixte du Parc Imperial


Entrevue avec M. Hervé Beauvais – Proviseur de la Cité Mixte du Parc Impérial, en présence de M. Christian Dalmasso, professeur d’Italien dans l’établissement et Président de l’API06/83 – Association des Professeurs d’italien des Alpes-Maritimes et du Var

M. Beauvais, pouvez-vous nous présenter votre Etablissement ?

M. Beauvais : La Cité Mixte du Parc Impérial propose de la formation de second degré, avec le collège, le lycée, ainsi que de l’apprentissage, de l’alternance et de la formation continue avec les BTS et par l’intermédiaire des deux GRETA Tourisme Hôtelier et Tertiaire.

Cela représente sur le collège 880 élèves, 1700 au lycée, et environ 400 étudiants pour l’enseignement supérieur, pour un total d’environ 3000 inscrits globalement.

A partir de la 6ème, divers parcours scolaires leur sont proposés en Italien : la classe bilangue anglais-italien (collège – dès la 6ème), la LV2 (dès la 5ème), la section européenne italienne et l’ESABAC (lycée – dès la 2nde).

Pourquoi le double diplôme, pourquoi l’Esabac ?

M. Beauvais : la filière Esabac, soutenance d’un double diplôme : Bac français et Maturità Italienne, doit être choisie parce qu’on a un parcours en tête, par exemple, quand on veut continuer les études en Italie, puis des stages, et éventuellement une carrière professionnelle transalpine; ce n’est pas un dispositif par lequel nous souhaitons obtenir des classes sur le profil des bons élèves ; outre à être un élément positif dans le CV car cela montre que l’élève est motivé, son engagement pour du travail supplémentaire, un état d’esprit, des compétences que tous n’ont pas.

D’où la nécessité pour l’établissement scolaire d’établir des partenariats avec des établissements scolaires italiens et bien sûr des entreprises, pour leur permettre de mettre en pratique leur acquis, au-delà de l’école, ce qui donne du sens à ce parcours. Il y a donc des ponts à construire avec le monde professionnel. Voilà le sens de cette filière.

Dans le Lycée P. et M. Curie de Menton où j’ai été proviseur, existait une formation professionnelle concernant les enseignes lumineuses qui n’existe apparemment pas en Italie ; vue la proximité, cela aurait pu faire l’objet de développement sur un axe industriel sur l’Italie, où cette formation pouvait être proposée. La formation approfondie en langue italienne dans ce cas prend tout son sens car elle pouvait permettre aux étudiants formés dans ce domaine de démarcher le marché italien.

Il faut considérer que le BAC est la plupart du temps, la première marche vers une continuité dans le parcours d’études : fac, école d’ingénieur, et pourquoi pas en Italie ? Il s’agit de donner du sens à l’enseignement que l’on prodigue.

Je vois mal par exemple la formation de Pizzaïolo que propose notre Greta Hôtelier, se faire sans quelques heures de langue et culture italiennes, sur l’histoire de la pizza par exemple.

C’est important de développer à l’école l’envie de partager, de connaître les autres cultures ; cela doit être un enjeu de l’Education nationale.

Mais pourquoi le choix du double diplôme exclusivement en Italien, pour la proximité ?

M. Beauvais : Ces dispositifs dépendent aussi des moyens selon l’autonomie financière de l’établissement et le coût que représente les heures de cet enseignement ; puis ce choix doit être assumé sur plusieuers années.

M. Dalmasso : lors de l’introduction du dispositif Esabac sur l’Académie de Nice, il n’y avait que trois structures qui le proposaient : le Lycée P. et M. Curie de Menton, le CIV de Sophia Antipolis et le Lycée Dumont D’urville à Toulon dans le Var ; Il n’y en avait donc pas à Nice, 5ème ville de France et chef-lieu du département. Le Rectorat de l’Académie de Nice a souhaité y remédier et il a semblé judicieux d’implanter la filière Esabac au Lycée du Parc Impérial, vu la richesse en offre de formation en italien déjà présente dans l’établissement ; en parallèle cette filière était ouverte également auprès du Lycée Audiberti d’Antibes. Ainsi, ce sont des choix et des politiques d’établissements scolaires en relation effectivement avec un parcours scolaire transfrontalier et l’intérêt pour l’italien langue de proximité. Ces éléments font partie intégrante de leurs priorités en parfaite cohérence avec le Projet Académique actuel, axe n°3 « Favoriser une meilleure ouverture de l’école » objectif n°2 « Développer l’ouverture internationale et les parcours artistiques, culturels et sportifs », et passé. Il est à souligner que le dispositif Esabac a toujours été accompagné et soutenu grâce au fort appui de l’Inspection pédagogique régionale d’italien. Ainsi récemment, à la rentrée 2016, l’Esabac pour la filière technologique a été créée au Lycée Estienne d’Orves de Nice et au Lycée Beaussier de La Seyne-sur-Mer.

Comment sont sélectionnés les intervenants de l’ESABAC ?

M. Beauvais : A partir de la 2nde, en Esabac voie générale des disciplines non linguistique, l’histoire et la géographie, sont dispensées en italien, sur la base du volontariat de la part des professeurs sur des « postes à profil » ; ces professeurs doivent avant tout avoir la formation dans la matière, histoire et géographie, et en plus logiquement maîtriser la langue italienne.

M. Dalmasso : A partir de la classe de 1ère, en Esabac voie technologique, aussi une discipline non linguistique, le management des organisations, est dispensée en italien. Les professeurs enseignant en Esabac général et technologique bénéficient chaque année de stages de formation spécifiques et d’échanges de pratiques pédagogiques, sous l’autorité de l’Inspection pédagogique régionale d’italien.

Quelle est la tendance de la demande en italien, pour l’Esabac ?

M. Beauvais : La tendance principale est vers l’espagnol, au niveau de l’établissement, tout comme au niveau du territoire national.

La demande pour l’Esabac reste cependant constante. Comme je l’ai déjà dit, il ne s’agit pas de créer des classes d’excellence mais plutôt de permettre aux élèves de suivre un parcours qu’ils ont choisi, selon la motivation démontrée.

M. Dalmasso : la sélection se fait bien sûr sur la base du dossier scolaire pour les élèves que nous ne connaissons pas ; les priorités du recrutement ne sont cependant pas les résultats mais la motivation, le réel intérêt porté vers l’italien et l’Italie. Cependant, il faut aussi que le candidat ait un fort intérêt pour le volet littéraire et culturel, du moins pour l’Esabac général, car l’approfondissement linguistique passe également par le renforcement horaire de ces disciplines : langue et littérature italiennes et histoire-géographie.

Etablissement de l’académie de Nice proposant le dispositif ESABAC

Lycée Pierre et Marie Curie Menton Voie générale
Lycée international Valbonne Voie générale
Lycée Dumont d’Urville Toulon Voie générale
Lycée du Parc impérial Nice Voie générale
Lycée Audiberti Antibes Voie générale
Lycée Honoré d’Estienne d’Orves Nice STMG
Lycée Beaussier La Seyne-sur-Mer STMG

 

L’Esabac permet la délivrance simultanée du baccalauréat français et de l’Esame di Stato (Maturità) italien. Ce diplôme est préparé dans les lycées à section binationale français / italien « Esabac ». Les élèves qui l’obtiennent peuvent accéder à l’enseignement supérieur français et à l’enseignement supérieur italien.

M. Beauvais: Les doubles diplômes présentent d’autres atouts ; ils permettent par exemple de ne pas passer le concours pour l’entrée à Sciences Po, car ces étudiants peuvent l’intégrer en passant la sélection comme étudiants étrangers, et intégrer des IEP (Institut d’études politiques) avec un double parcours ; par exemple sur le Pôle de Bordeaux c’est avec l’Italien. Ou bien sûr continuer leurs études universitaires à l’étranger, en Italie.

Voilà toute l’importance de créer des partenariats avec des universités, des entreprises en Italie, pour pouvoir proposer aux étudiants des perspectives de développement.

Une simple initiative comme le parcours découverte sur Nice, auquel ont participé fin septembre nos étudiant du BTS en commerce international, est très importante. Cela leur a permis de découvrir des structures à proximité qu’ils ne connaissaient pas, c’est-à-dire de commencer à se constituer un réseau.

M. Dalmasso : c’est une démarche constructive, très intéressante également parce qu’elle permettra certainement d’avoir plus de demandes de stages vers l’Italie, grâce à la découverte de structures comme la CCItalienne. Avant, les étudiants des BTS en Commerce international ne s’orientaient pas forcément vers l’Italie, territoire pourtant frontalier, donc plus accessible et porteur. Il est important de leur donner des opportunités.

Quelques mots sur votre parcours, M. Beauvais ?

M. Beauvais : Avant le Parc Impérial, j’ai été chef d’établissement dans différents établissements collèges, et lycées dont les derniers sont le Lycée P. et M. Curie de Menton et le Lycée des Eucalyptus à Nice, toujours avec cet objectif de permettre l’application des notions acquises par les élèves, les étudiants, au-delà de l’enceinte de l’établissement scolaire, sur le terrain.