À la cour de Federico di Montefeltro : l'histoire d'un souverain éclairé et de son château.

Située au cœur des collines des Marches donnant sur la mer Adriatique, Urbino est une ville au patrimoine artistique et culturel extrêmement riche, où le temps semble s’être arrêté à la Renaissance.

L’unicité de son centre historique, caractérisé par un tissu dense de rues et ruelles, escaliers et passages souterrains, palais et églises, lui a valu l’inscription en 1998 à la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.

Federico di Montefeltro a été l’une des grandes figures de la Renaissance et a fait d’Urbino l’un des principaux centres culturels d’Europe.  A seulement 22 ans, Federico arrive au pouvoir. Après une conspiration menée par les nobles de la ville, les familles d’Urbino ont rejeté les abus de pouvoir constants du duc Oddantonio di Montefeltro, qui était détesté, et ont mené une révolte qui a conduit à son assassinat. Le jour même où Oddantonio est tué, Federico entre dans la ville, commençant ainsi son glorieux règne.

Federico di Montefeltro était un chevalier, l’un des condottieri les plus puissants de son temps, et en même temps l’un des seigneurs les plus éclairés de la Renaissance. Avec son frère et son épouse Battista Sforza, il a su transformer en quelques décennies une petite ville en une cour prestigieuse, où arrivaient tous les grands artistes, architectes, humanistes, prélats et ambassadeurs.

Federico, tout d’abord en tant que comte puis en tant que duc, a élargi les alliances politiques en quelques années, agrandi les frontières du duché et assuré la stabilité et la prospérité de ses sujets. Au cours de ses quarante années de règne, il a conçu et créé une ville idéale : son Urbino, mais le symbole de la vision culturelle de Federico di Montefeltro est le spectaculaire Palais Ducal et la merveilleuse Bibliothèque, avec environ un millier de manuscrits décorés par les meilleurs maîtres de l’époque.

Le palais ducal est une merveille architecturale qui représente bien le concept de la Renaissance mathématique développé à Urbino à partir de la seconde moitié du XVe siècle, grâce à Federico da Montefeltro. Le palais, construit à partir de 1444 pour surpasser en beauté toutes les autres résidences princières d’Italie, notamment celles de la famille Médicis de Florence, ennemis jures du duc, concrétise un idéal d’harmonie qui réunit tous les éléments de la culture de l’époque : mathématiques, géométrie, astronomie, astrologie et art décoratif. Rien n’est laissé au hasard, dans le pur style Renaissance. Le palais ne ressemble à aucun autre en Europe : ce n’est pas une structure défensive, c’est un lieu de rencontre, avec les deux Torricini qui s’élèvent vers le ciel dans un dialogue avec le Divin.

Aujourd’hui, le palais ducal abrite la Galleria Nazionale delle Marche, visitée par des centaines de milliers de personnes chaque année. À l’intérieur se trouvent des tableaux qui sont devenus des symboles de la culture occidentale : la « Cité idéale », la « Flagellation » de Piero della Francesca, la « Muta » de Raphaël.  Le « Studiolo di Federico », en bois incrusté, est spectaculaire. Le musée abrite de nombreux chefs-d’œuvre de ces mêmes artistes qui ont répondu à l’appel de la Cour : Paolo Uccello, Juste de Gand, Giovanni Santi, Federico Barocci, pour n’en citer que quelques-uns.